ENQUETE

Curieuse histoire, en vérité, que celle-là. Auguste Mélot, député de 1902 à 1919, ministre plénipotentiaire, codirecteur de la Revue Générale de 1919 à 1935 et banquier, avait fait construire cet immeuble en 1912 sur le modèle d’un château parisien. Il l’avait implanté au milieu des bois, avec, par derrière, une merveilleuse vue sur la vallée mosane et, par devant, un jardin à la française. Après sa mort, survenue le 11 Novembre 1944 dans le camp de concentration de Neuengamme, le château fut repris par son fils ainé, le Baron Ernest Mélot (avocat) et sa fi lle la Baronne Madeleine Mélot, fondatrice des Stations
de Plein Air à la Citadelle.

Après le décès de cette dernière, la propriété fut rachetée en 2002 par une société du promoteur Stéphane Jourdain, qui ambitionnait d’en faire le siège d’une association de patrons, baptisé le Cercle de Wallonie, en partenariat avec André Van Hecke, un homme de média très répandu dans les milieux d’affaires, avec qui il avait déjà lancé le Cercle de Lorraine à Uccle.

Aux voisins, Jourdain avait dit : « Je m’engage à ne pas couper les arbres. » Parole de filou. Entre Noël et Nouvel An, il fit procéder à l’arasement du parc sur 3 ha, par des ouvriers travaillant jour et nuit, éclairés par des spots. Une butte de terre dissimulait le château à la vue, il la fit basculer au bulldozer dans la pente vers la vallée mosane. Avertie, l’administration de la Région wallonne fit aussitôt poser les scellés. Il ne se passa plus rien pendant 6 mois. Finalement le permis fut octroyé, mais le promoteur devait replanter 200 arbres et reprendre la terre de déblai jetée au fossé pour l’épandre devant l’immeuble, là où se trouvait le jardin à la française abandonné depuis longtemps.

Pierre Dulieu

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